Perepiscopus

Le concile fut une pérégrination dont nous n’avons qu’une conscience floue

Commentaires (6)
  1. garmon dit :

    Un texte excellent.

    Merci Monseigneur.

    Dieu vous garde.

  2. LIBERT Pierre dit :

    Voilà ce que nous aimerions lire et entendre plus souvent! Merci pour ce beau texte.

  3. Observateur dit :

    Beau texte, qui remet les choses en perspective.

    Comment peut-on faire pour que les catholiques prennent connaissance des textes ?

    Exemple : saint Jean-Paul II le grand et Benoît XVI ont écrit des textes magnifiques, et des instructions disciplinaires très nettes (Inestimabile donum, 1980 : rappel de l’obligation de la génuflexion devant le S. Sacrement, REdemptionis Sacramentum, 2004, sur les choses à éviter en liturgie, Dominus Jesus, pour donner la bonne interprétation d’une formule ambigue du concile Vatican II)…

    Or les textes romains ne sont pas appliqués par les clercs (problème ancien), pas lu par les laïcs, même les “bons”, qui du coup manquent d’arguments ou de ténacité pour réclamer l’application du droit, et, conséquence du point précédent, abondamment instrumentalisés par les hérétiques, qui réussissent à leur faire dire l’inverse de ce qui est écrit – et le plus beau, c’est que les “bons” tombent dans le piège, en refusant du coup des documents qu’ils n’ont bien souvent pas lus, ou lus d’après le prisme de leurs adversaires.

    Dans Vatican II par exemple, on ne parle pas de messe face au peuple. En revanche il est précisé que “le grégorien doit conserver en tout la première place”. On peut dire que les textes du Concile n’ont pas vraiment été appliqués…

    Maiontenant, concrètement, comment accroître la connaissance des choses divines chez les fidèles ? Quelqu’un a vécu une expérience réussie de transmission régulière des textes romains aux laïcs ? Existe-t-il des initiatives structurées dans ce domaine ?

    Bien à vous,

  4. Miche Danis dit :

    Comme il est pauvre le langage conciliaire!

  5. A Z dit :

    Bonjour et bon dimanche,

    A. Je trouve les quatre derniers paragraphes de ce texte, de “Il apparaît clair en ces années 1950” (ou 1960) à “l’évangélisation nouvelle du temps présent” (juste avant le dernier paragraphe, conclusif), tout à fait susceptibles d’être réécrits de la façon suivante, avec les points d’interrogation qui s’imposent, à la fin de chaque phrase dont le sens gagnerait à être précisé ; en tout cas, je n’ai pas trouvé d’autres moyens, pour essayer de faire comprendre en quoi je me démarque de la vision “bonne-intention-niste” de ces mêmes paragraphes.

    ” Il apparaît clair en ces années 1950, et plus encore maintenant, que ce dépassement de l’expression abstraite ne DEVRAIT pas POUVOIR être réduit à des questions de vocabulaire ou à des opportunités de communication, c’est une dimension proprement confessante qui DEVRAIT POUVOIR inspirer une relecture intime du message de l’Évangile et de l’histoire de l’Église. C’est même la perspective eschatologique de la sainteté chrétienne qui DEVRAIT POUVOIR devenir l’axe de l’action pastorale. Si l’analyse juridique ou même juridictionnelle comporte un aspect de sécurité pour affirmer l’identité salvifique du peuple de Dieu, elle est impuissante et fragile par rapport aux initiatives de l’Esprit pour assurer l’universalité de la mission par exemple ou pour ouvrir les rationalités de l’action chrétienne aux libertés créatrices de la vie apostolique (?).

    Beaucoup d’interventions d’évêques ont tenu à rencontrer en l’homme de la modernité un homme qui DEVRAIT POUVOIR être un chercheur d’humanité, ce qui a permis une autre approche de la vérité car elle devient ainsi une tradition vivante qui DEVRAIT POUVOIR A LA FOIS parcourir les méandres de l’histoire ET s’accomplir en Dieu. Aussi l’ouverture eschatologique de l’Église DEVRAIT POUVOIR en sortir ravivée. Que cela ait provoqué des tensions et des incompréhensions, c’est évident, mais nous le verrons par les votes en fin de traitement des amendements, l’unité des sentiments et des images a été généralement de haut niveau (??).

    Ainsi le passage du schéma de Ecclesia à la constitution Lumen Gentium DEVRAIT POUVOIR exprimer une évolution qui DEVRAIT POUVOIR partir de la vision de l’Église militante assise sur sa doctrine à la mise au premier plan du Peuple de Dieu dans l’œuvre du salut, « ce peuple messianique qui a pour chef le Christ…La condition de ce peuple, ce DEVRAIT POUVOIR être la dignité et la liberté des fils de Dieu, dans le cœur de qui, comme dans un temple, habite l’Esprit Saint. » Or le Christ fait de tout chrétien un prêtre par l’offrande, un prophète par le « sens de la foi », un participant de sa fonction royale pour l’unité du genre humain, et le concile d’en ouvrir pleinement la perspective : « à cette unité catholique du peuple de Dieu qui préfigure et promeut la paix universelle, tous les hommes sont appelés ; à cette unité appartiennent sous diverses formes ou sont ordonnés, et les fidèles catholiques et ceux qui, par ailleurs, ont foi dans le Christ, et finalement tous les hommes sans exception que la grâce de Dieu appelle au salut. » (DONC AUSSI A LA CONVERSION ???)

    Il y a derrière ces expressions un élargissement radical du regard sur le monde et sur l’Église (?). De l’institution agglomérant de nouveaux membres à cette universalité de la mission de l’Église s’ouvrant à la multiplicité des langages et des réalités des communautés locales, il y a un changement d’optique pour considérer l’autre et ses partenaires dans sa culture comme des espaces où l’Esprit convoque l’Église des siècles à venir (??). Il n’est pas sûr que cela soit une perspective courante dans nos antiques chrétientés d’Europe où les réflexes de replis à l’abri des crises sont souvent des subterfuges par rapport à l’évangélisation nouvelle du temps présent (???). ”

    B. Depuis un demi-siècle, la très grande majorité des clercs

    – juge le Concile presque uniquement sur ses intentions, au lieu de le juger également sur ses résultats, alors qu’il s’agit, officiellement, d’un Concile pastoral, et alors que l’on est vraiment en droit de se demander pourquoi d’aussi bonnes intentions, adogmatiques et oecuménistes, ont donné des résultats aussi mitigés,

    ou

    – met en avant et en valeur Vatican II en prenant appui sur les documents du Concile qui posent le moins de problèmes, au lieu de reconnaître les paroles candides et les silences coupables que l’on trouve dans les textes consacrés à l’oecuménisme, aux relations avec les religions non chrétiennes, à la liberté religieuse et à l’Eglise, ou plutôt à l’Homme, dans le Monde de ce Temps.

    Il devient urgent de dire que si nous en sommes là où nous en sommes, ce n’est sans doute pas malgré le Concile Vatican II dans son ensemble, mais c’est sûrement à cause de Vatican II, dans quelques uns de ses éléments, cités plus hauts, qui ont donné lieu à une “survalorisation”, à une “dogmatisation” théologique ante-conciliaire et à une “dogmatisation” pastorale post-conciliaire tout à fait indues.

    Il ne s’agit pas ici de critiquer ou de dénigrer les deux constitutions dogmatiques, la constitution liturgique, ainsi que les décrets d’application ad intra, ni même la totalité des autres textes qui figurent à l’intérieur du “massif” conciliaire, mais il s’agit ici de rappeler que les quatre textes cités plus hauts sont plutôt porteurs, c’est le moins que l’on puisse dire, de la confusion entre Espérance chrétienne, ambiguité ou aveuglement sur le monde, et irénisme ou optimisme sur l’homme, qui a été, voire est toujours, la caractéristique fondamentale de plusieurs générations de clercs, au moins depuis 1945.

    Avec les conséquences, plutôt fragilisatrices que consolidatrices du catholicisme, que l’on connaît depuis bientôt trois quarts de siècle, et alors que, le temps ayant fait son oeuvre, nous ne pouvons pas dire, à la différence de certains évêques des années 1960-1970 : “nous ne pouvions pas imaginer que le Concile allait déboucher, nolens volens, sur “cela”.

    Bon dimanche.

    A Z

  6. A Z dit :

    Bonjour,

    A. Une autre remarque s’impose, en présence de la dernière phrase du dernier paragraphe, conclusif, de ce même texte de Monseigneur DEFOIS : “Le concile fut une pérégrination, une longue traversée dont nous n’avons aujourd’hui qu’une conscience attiédie et floue.”

    B. Merci bien de nous rappeler qui, au sein et à la tête de “l’Eglise qui est en France”, a fait en sorte que les prêtres et les fidèles

    – soient soumis à une interprétation évolutionniste et horizontaliste du Concile Vatican II, interprétation qui n’est ni majoritaire, ni minoritaire, mais qui est hégémonique, au sein et à la tête du paysage intellectuel ou épiscopal catholique,

    – connaissent ou comprennent le moins possible les exhortations apostoliques et les lettres encycliques de Paul VI, de Jean-Paul II, de Benoît XVI, c’est-à-dire les textes qui comportent des compléments au Concile, voire des correctifs au Concile, compte tenu de l’interprétation dominante, non orthodoxe, qui en est faite,

    alors que c’est précisément l’imposition de cette interprétation hégémonique, plus iréniste que formellement moderniste ou progressiste, et l’ignorance ou l’occultation des textes, de Paul VI à Benoît XVI, qui contribuent le plus à ce que les uns et les autres aient aujourd’hui “une conscience attiédie et floue” du Concile Vatican II.

    C. Je vais ainsi finir par croire que, dans l’esprit de certains (mais je ne vise pas ici Mgr Defois, en particulier), une attitude acritique et amnésique vis-à-vis de l’avant-Concile, puis de l’après-Concile, “à la française”, voire “à l’européenne”, constitue la condition sine qua non, pour que la confiance en Vatican II, la fidélité au Concile, soient envisageables et réalisables…

    D. Et puis, entre nous, si les textes du Concile sont tous aussi porteurs de clarté et propices à la ferveur que l’on veut bien le croire et le dire, comment se fait-il donc que, cinquante ans après, nous en soyons encore à “une conscience attiédie et floue” du Concile Vatican II ?

    E. Je vous laisse en compagnie du théologien jésuite THEOBALD, et des pages 7 et 8 de son ouvrage “Le concile Vatican II, Quel avenir ?”

    ” Les dimensions et la complexité de l’événement et du corpus textuel de Vatican II sont telles qu’il est difficile de déterminer avec précision en quoi ce Concile nous “lie” “.

    “Au regard des recherches historiques et théologiques qui, ces dernières années, ont franchi de nouveaux seuils, on doit reconnaître que, même parmi les théologiens, ceux et celles de tous les continents, la connaissance du Concile reste assez schématique, de sorte qu’il risque de fonctionner de plus en plus comme un mythe.”

    “Ne serait-il pas plus facile d’envisager l’avenir du christianisme sur notre globe selon une perspective plus radicalement pluraliste, laissant l’identité chrétienne se déployer selon le génie propre de telle ou telle communauté culturellement située aux prises avec nos seules Ecritures inspirées ?”

    F. Si un même un théologien contemporain, dans les deux sens du terme, dans la mesure où il vit en son temps et a plutôt tendance à penser comme son temps, un théologien peu soupçonnable de sévérité à l’égard du Concile, en vient à écrire les deux des trois premières phrases que je cite, n’est-ce pas le signe, la trace, du fait qu’il y a “décidément une difficulté” pour s’approprier et pour réaliser ce Concile, dès lors

    – que l’on s’autorise à dire “plutôt oui” au Concile, “donc” ” plutôt non” au Magistère pontifical qui l’a prolongé, sous au moins trois Papes, tous présents et actifs, au Concile,

    ou

    – que l’on s’autorise à “envisager l’avenir du christianisme sur notre globe selon une perspective plus radicalement pluraliste, laissant l’identité chrétienne se déployer selon le génie propre de telle ou telle communauté culturellement située aux prises avec nos seules Ecritures inspirées”, alors que cette perspective est totalement absente de Dei Verbum et de Lumen Gentium, qui sont les deux seules constitutions dogmatiques du Concile ?

    Bonne journée.

    A Z