Dans son discours d’ouverture de l’Assemblée plénière de Lourdes, Mgr Pontier appelle à moins asséner les « valeurs républicaines » et souhaite surtout plus de Fraternité. Mais, indépendamment de la récupération révolutionnaire et des appauvrissements sémantiques et autres instrumentalisations idéologiques que penser de ces trois mots qui, avant d’être des valeurs, sont des réalités bien chrétiennes ?
Les trois mots résonnent comme un cri de triomphe le long d’un cortège victorieux qui s’étire dans la liesse à la suite d’un imperator hissé sur son char et remontant le Forum de l’antique capitale latine. Liberté, égalité, fraternité. Ils fusent et chacun les savoure avant de les laisser s’échapper de sa bouche, comme si le parfum enivrant de ses arômes lui avait été interdit durant des siècles. Liberté, égalité, fraternité ! Au sortir d’une révolution dont l’Histoire ne voudrait retenir que cette trilogie républicaine, ce triptyque s’est définitivement inscrit dans le marbre ou la pierre des édifices publics, scellant dans le même mouvement un vieux livre d’un passé poussiéreux à ne plus ouvrir et marqué au revers du sceau de l’infamie. Liberté, égalité, fraternité, signe des temps nouveaux, comme si avant qu’ils ne deviennent l’emblème et le programme d’une renaissance, aucun de ces trois mots n’avaient jamais vraiment existé. Liberté face au tyran, égalité entre les Hommes, fraternité entre les nouveaux hommes libérés. Au fil des siècles, ces belles lettres d’or, signes de la renaissance du nouveau régime se sont estompées. Vague souvenir triomphal, trinité difficile à unir, cette devise des temps modernes s’est affadie au point que la liberté qui était fraternelle et donc collective est devenue individuelle, tandis que l’égalité et la liberté sont devenus rivaux, ruinant par la même la fraternité.