Le 12 mars 1622, il y a 400 ans, l’Eglise canonisait Saint Ignace de Loyola. L’abbé Gabin Hachette (FSSPX) revient sur la vie du Saint, fondateur de la Compagnie de Jésus et dont les écrits nous irriguent dans les excercices spirituels (de Saint Ignace).
Extrait de l’article de La Porte Latine
Ignace souhaite s’embarquer pour un pèlerinage en Terre Sainte, mais le moment n’est pas propice. Le 23 mars 1522, sur les hauteurs de Montserrat, monastère fondé au VIe siècle où l’on prie la statue miraculeuse de la « Vierge noire », il fait une confession générale et donne ses habits à un pauvre. Près de l’autel de la Vierge Marie, il dépose définitivement son épée à la grille de la chapelle. Le voici enrôlé dans une autre armée, celle du Christ-Roi. Ignace s’arrête ensuite à Manrèse où il veut prier et faire pénitence en s’occupant des malades, ne vivant que d’aumônes. Mais le démon attaque, il traverse une nuit spirituelle, des tempêtes intérieures l’assaillent, il est parfois désespéré, rongé de scrupules, assailli de phantasmes tentateurs. Un confesseur dominicain lui est d’un grand secours. Il touche le fond, saisissant combien nous sommes impuissants par nous-mêmes, misérables par nos péchés. Ignace met plus de mesure dans sa pénitence et contre l’attaque à chaque tentation. Enfin, par la grâce de Dieu, la lumière et la paix reviennent ; il se repose dans la contemplation de la Sainte Trinité et saisit avec profondeur les vérités de foi. C’est à ce moment de sa vie qu’lgnace met par écrit un manuel spirituel – inspiré par Notre-Dame – pour ceux qui veulent se libérer des attaches déréglées, mettre en ordre leur existence et trouver la volonté de Dieu dans leur vie. Ce sont les célèbres Exercices spirituels. De la méditation de l’enfer à celle de la vie éternelle, les principes et fondements de toute existence humaine sont posés avec une clarté remarquable : l’homme est ici-bas pour louer, adorer et servir Dieu.
Après dix mois passés à Manrèse, Ignace reprend son bâton de pèlerin pour rejoindre Jérusalem. Sa vertu de force et son caractère bouillant se manifestent. Déjà, lorsqu’un musulman parla avec irrespect de la Vierge Marie sur le chemin de Montserrat, Ignace décida de l’occire pour venger l’honneur de la Mère de Dieu avant que la Providence ne lui manifeste son intention contraire. Maintenant, sur le chemin de Jérusalem, lors d’une étape à une ferme, une femme et sa fille sont menacées d’agression par des soldats. Ignace se fâche avec tant d’énergie que tous sont effrayés et s’en tiennent là. Le voyage est long, à Rome il reçoit la bénédiction du pape Adrien IV avec un groupe de pèlerins. A Venise, le Christ lui apparaît. Ignace parvient à Jérusalem le 3 septembre 1523. La domination turque s’exerce, les pèlerins sont escortés par des soldats et les franciscains sont chargés de les guider. Ignace est dans l’allégresse de voir Bethléem, le Cénacle, le Golgotha, le mont des Oliviers. Il voudrait s’installer là pour convertir les musulmans mais le provincial franciscain s’y oppose. Ignace doit repartir le 23 septembre, non sans d’abondantes grâces reçues. Il décide de se mettre à étudier pour travailler au salut des âmes et c’est ainsi qu’à 33 ans il se retrouve sur les bancs d’écoliers à apprendre les bases de la grammaire et du latin à Barcelone. Pour étudier la logique et la théologie, Ignace se rend à Alcala en 1526, de nombreuses personnes viennent l’écouter, des étudiants débauchés changent de vie. D’autres prennent ombrage de son influence, le confondent avec les hérétiques « Illuminés » que l’inquisition combat ou encore avec les juifs mal convertis, les conversas. Des enquêtes sont menées sur son apostolat, il passe quarante jours en prison : on l’accuse d’avoir imprudemment conseillé une femme dans ses pénitences. Finalement disculpé, une sentence lui interdit d’enseigner les vérités de foi avant d’avoir étudié quatre ans. A Salamanque, Ignace est à nouveau convoqué par l’inquisition (une œuvre d’Église trop souvent caricaturée par les anticléricaux alors qu’elle préserva de grands périls la foi des espagnols). Après trois semaines, Ignace est encore une fois relâché car son enseignement est irréprochable.