Qatar, Bahrein, Koweït, Arabie Saoudite : situation des chrétiens

Alors qu’un français, Aldo Berardi, vient d’être nommé vicaire apostolique de l’Arabie du Nord ce 28 janvier, il est intéressant de se pencher sur la situation des chrétiens dans les pays du vicariat (Koweït, Bahreïn, Arabie Saoudite, Qatar) dont les deux derniers financent activement le développement de l’islam en Europe et dans d’autres régions du monde (Caucase, Asie centrale et Balkans dans les années 1990 et 2000, Afrique sahélienne, Asie du sud-Est…) et que l’opinion publique perçoit – à tort – comme dépourvus de chrétiens.

 

Plus de 300.000 fidèles catholiques au Koweït

Pour information, il y a près de 350.000 fidèles catholiques au Koweït, où sept églises chrétiennes sont officiellement reconnues :  l’Eglise catholique romaine, l’Eglise grecque catholique, l’Eglise grecque orthodoxe, l’Eglise copte orthodoxe, l’Eglise arménienne apostolique, l’Eglise évangélique nationale et l’Eglise anglicane. Cependant tout prosélytisme religieux en direction des non-chrétiens est interdit, et les églises qui ne sont pas reconnues – principalement protestantes – ont interdiction d’afficher des signes religieux distinctifs à l’extérieur ou de sonner les cloches. Il est aussi très difficile pour les non-musulmans d’obtenir de nouveaux lieux de culte.

 

80.000 catholiques au Bahreïn

A Bahreïn, il y a près de 80.000 chrétiens dont les premiers sont arrivés avec l’exploitation pétrolière dans les années 1930. Ils jouissent de la liberté de culte – et sont aussi l’un des rares pays de la région à avoir des fidèles locaux, près d’un millier de personnes arrivées dans les années 1930 à 1950 et qui ont obtenu – ou leurs descendants – la nationalité bahreïnienne.

En octobre 2022, Vatican News rappelle que les chrétiens du Bahreïn – 15% de la population, “viennent principalement d’Irak, de Turquie, de Syrie, du Liban, d’Égypte, de Palestine et de Jordanie, mais aussi du Sri Lanka, d’Inde et des Philippines“. Une petite part est aussi composée d’expatriés de pays européens.

C’est aussi le pays qui compte l’une des églises catholiques les plus récentes bâties dans les pays majoritairement musulmans : “la première église catholique érigée à l’époque moderne dans cette région du golfe se trouve à Bahreïn: l’église du Sacré-Cœur construite en 1939 dans la capitale Manama, sur un terrain cédé par l’émir.

En revanche, la consécration de la deuxième église du pays, la cathédrale Notre-Dame d’Arabie, la plus grande église catholique de la péninsule arabique, remonte au 10 décembre 2021. Elle a été construite dans la municipalité d’Awali sur un terrain de 9 000 mètres carrés offert en 2013 par le roi Hamad bin Isa al Khalifa. Un projet lancé en 2014 et fortement souhaité par le vicaire apostolique d’Arabie du Nord de l’époque, Mgr Camillo Ballin, décédé en 2020. La consécration a été présidée en présence du roi par le cardinal Luis Antonio Tagle, alors préfet du dicastère pour l’évangélisation, qui avait rencontré le souverain le même jour et lui avait remis une lettre du Pape François“.

Il y a aussi d’autres communautés chrétiennes – orthodoxes, syro-malankars, arméniens, et anglicans… qui y ont une chapelle depuis 1906. C’est la première chapelle chrétienne construite depuis la disparition de la chrétienté en Arabie peu après 700.

 

Arabie Saoudite : deux millions de chrétiens, mais pas d’église

Si l’Arabie Saoudite compte deux millions de chrétiens, dont un million de catholiques majoritairement philippins, pauvres et sans droits pour la plupart, il n’y a aucune église. Le prosélytisme envers des non-chrétiens est interdit et la possession de livres chrétiens en quantité est en théorie pénalement répréhensible. Néanmoins ces chrétiens existent et sont nombreux – 2.000 d’entre eux ont assisté à la messe présidée par le pape François dans un stade à Bahreïn en novembre 2022 devant 30.000 fidèles, principalement issus des Philippines et d’Inde.

Le cardinal Tauran avait tenté lors d’une visite en avril 2018 d’obtenir des autorités la construction d’une église, sans y réussir. La Croix écrivait alors : “originaires des Philippines, d’Inde, d’Égypte ou du Proche-Orient, la plupart travaillent sur des chantiers ou occupent des emplois domestiques. On y croise aussi des Coréens ou des Européens à des postes plus attractifs. Malgré leur nombre, célébrer la messe ou le culte leur est formellement interdit, sous peine d’arrestation par la police religieuse. Les cultes se déroulent de façon clandestine, le plus souvent dans des officines diplomatiques“.

 

Qatar : 200.000 chrétiens principalement catholiques, une ouverture aux chrétiens très récente

Le Qatar a établi des relations diplomatiques avec le saint Siège en 1993 seulement. Les chrétiens y sont estimés à plus de 48.000 au début des années 2000, plus de 200.000 aujourd’hui, principalement des travailleurs d’Inde, Philippines, Irak, ainsi que des expatriés européens.

L’émir Hamad bin Khalifa Al Thani a accordé en 2004 des terrains pour la construction de cinq églises à Doha, la capitale, regroupées sur le même complexe en périphérie – même si elles ont ni croix extérieure, ni clocher, ce sont les premières églises chrétiennes construites sur le territoire depuis la disparition de la chrétienté au début du VIIIe siècle :

• Église catholique Notre-Dame-du-Rosaire (consacrée le 15 mars 2008) pour 15 millions de dollars. Elle peut accueillir 2000 fidèles.
• Église copte orthodoxe
• Église orthodoxe
• Église anglicane
• Église inter-confessionnelle / Inter Denominational Christian Church (28 communautés dont l’Église catholique syro-malabare, l’Église catholique syro-malankare, l’Église malankare orthodoxe, l’Église malankare Mar Thoma, l’Église de l’Inde du Sud…).

Le prosélytisme est interdit, et lors de la coupe du monde, les médias suisses ont révélé qu’elles ont été rendues inaccessibles aux fans de football qui ont afflué du monde entier.