À 1 heure (locale), lundi matin, le Sénat a décidé par 60 voix contre 40 (il fallait exactement 60 voix pour l’autoriser) de mettre un terme au débat sur le « paquet » d’amendements relatif à la
version Chambre Haute de l’ObamaCare, ce qui permet d’inscrire pour les tout prochains jours le vote final du projet de loi à la majorité simple. Le projet de loi sera donc voté pour Noël
: il ne contiendra rien d’équivalent à l’amendement Stupak de la Chambre des Représentants, abolira les provisions de l’amendement Hyde et permettra donc, comme l’Église catholique
et l’ensemble des mouvements pro vie américains n’ont cessé de le répéter sur tous les tons de la gamme, le financement direct et/ou indirect de l’avortement de complaisance avec l’argent des
contribuables. Après tout, Noël ne précède que de trois jours les « Saints Innocents »…
Le cardinal Daniel DiNardo, archevêque de Galveston-Houson (Texas) et nouveau président de la commission des activités pro vie de la Conférence épiscopale (USCCB), a immédiatement
réagi au vote tragique du 21 décembre. Ce projet de loi « ne permet apparemment pas à ceux qui souscrivent [une assurance santé] d’exercer leur liberté de choix ou de conscience de “décliner”
la couverture-avortement dans les plans d’assurance-santé subventionnés par le gouvernement fédéral qui comporteront une telle couverture-avortement (…) Tout au contraire, elle obligera ceux qui
souscrivent à de telles assurances-santé de payer un droit distinct ou une surprime qui ne sera consacrée qu’au règlement des avortements de tiers (…) Par conséquent, et bien que nous apprécions
les efforts de bonne foi des sénateurs Robert Casey et Ben Nelson (Démocrate, Nebraska] pour améliorer ce projet de loi, notre jugement d’aujourd’hui est le même que celui que nous faisons hier :
ce projet de loi ne devrait pas aller à son terme dans son état actuel. On devrait le combattre tant que et jusqu’à ce que les graves choses inquiétantes qu’il contient ne sont pas réglées.
»
Comme journaliste, je m’interroge sur la « bonne foi » que reconnaît, avec une bien grande générosité, le cardinal DiNardo au sénateur Républicain catholique Casey
(Pennsylvanie) et au sénateur Démocrate mormon Nelson… Le premier qui se dit la main sur le cœur “pro vie” – et qui s’est fait élire sur un programme de défense de la vie et de la famille
–, n’a-t-il pas voté la loi obamanesque qui permet désormais aux États-Unis de financer l’avortement à l’étranger ? Quant à Nelson qui avait promis, croix de bois croix de fer, qu’il ne voterait
jamais le projet de loi du Sénat s’il ne comportait pas un article reprenant l’amendement Stupak, il vient de faire volte-face et accepte de le voter en l’état, après avoir été assuré que
le gouvernement fédéral accorderait une “rallonge” au programme Medicaid de son État et ne fermerait pas une base militaire situé dans son État (menace qu’on lui avait faite s’il ne votait
pas “bien”). Obama n’a pu que féliciter la décision de Nelson : il faut dire qu’en matière de trahison, il est aussi un orfèvre. Deux politiciens qui ne sont au fond que deux
politicards et qui ont “négocié” leurs principes affichés contre des espèces sonnantes et trébuchantes. J’espère, au moins, que les électeurs de Pennsylvanie et du Nebraska sauront s’en souvenir.
En tout cas, la route est désormais ouverte vers une amplification du massacre des enfants innocents et de son remboursement par l’argent des contribuables. L’Église catholique continuera,
évidemment, à dénoncer ce nouveau pas qui va être franchi dans l’abomination, mais peut-elle l’empêcher ?