Communication OV

Le cardinal Burke a-t-il écrit le communique du RP Lombardi?

Commentaires (3)
  1. Gaudium dit :

    Mais si ! Du moins de ce que j’ai retrouvé sur Internet, la phrase à laquelle vous faites allusion figure bien dans les propos du St-Père, dans un second temps :

    “Voulez-vous dire alors que l’Eglise catholique n’est pas totalement opposée en principe à l’utilisation des préservatifs?

    Évidemment l’Église ne le considére pas comme une solution réelle, ou morale, mais, dans tel ou tel cas, il pourrait néanmoins être, dans le but de réduire le risque d’infection, une première étape vers un moyen différent, un autre moyen humain, de vivre la sexualité.”

    Gaudium

  2. Christian dit :

    On comprend l’opération de sauvetage à grands renforts d’officiels de l’Eglise et d’experts « spécialistes » en tous genres. Mais le discours du Pape – qui n’est pas à prendre à la légère ni de façon inhumaine – est problématique pour deux séries de raisons :
    1. Qui parle ? Les notes des services officiels du Saint-Siège et autres commentaires parlent sans cesse du “Pape”. Or il se trouve que celui-ci s’exprime délibérément en tant que théologien privé. Ainsi, ce n’est pas le Pape qui s’exprime, ni son magistère, et j’imagine – puisque le Pape affirme lui-même qu’il peut errer en tant que théologien privé – que le Pape en vienne un jour à corriger officiellement le théologien privé qui se trouve être lui-même. Ce n’est pas faire preuve de mauvais esprit que de dire cela. C’est tout simplement la conséquence logique du positionnement qu’il a choisi en tant que Pape, consistant à s’exprimer en tant que personne privée. On n’est pas très loin du brouillage des rôles et d’une certaine prise de distance objective avec le rôle pastoral de conduite du peuple chrétien comprenant aussi les autres pasteurs. Il est pénible d’avoir à évoquer cela ; mais quand un Pape pratique le cumul des fonctions avec celles de docteur privé, ou bien cela mène à la canonisation de ses options intellectuelles privées, ou bien cela mène à la relativisation du magistère, ou bien aux deux, dans un exercice d’équilibrisme et de concordisme qui ne tient pas la route. Ce qui, dit respectueusement, ne convient pas, et ne favorise pas l’honnêteté intellectuelle des commentateurs….

    2. Le “premier pas sur le chemin d’une sexualité plus humaine” : Il s’agit ici de qualifier positivement une décision prise dans le cadre d’un exercice foncièrement immoral de la sexualité. Il y aurait du mieux dans le mal au moment où on commet le mal. J’ai longtemps eu des interrogations sur le sujet, d’autant que la situation est très précise, humainement délicate et traversée par une grande pauvreté matérielle et sociale (alimentée en outre par le tourisme sexuel notamment des occidentaux), et que l’enjeu est immense, puisqu’il s’agit de ne pas aggraver un comportement mauvais par la transmission de la mort. Et puis surtout, le Pape (le théologien privé qui se trouve être le Pape) montre qu’il s’est “assis à la table des pécheurs” en faisant preuve d’empathie, en entrant en quelque sorte dans leur âme, guettant la moindre étincelle de sensibilité au bien à faire, ou au mal à éviter. Voilà un moraliste qui a du cœur, une très grande proximité avec la misère humaine et les fléaux sociaux qu’elle induit. Voilà un moraliste qui est aux aguets devant tout signe chez les sujets les plus blessés, de réveil de la conscience, de la conscience de sa propre dignité humaine et de celle des autres. Comment ne pas être sensible à cela, comme arrêté par cela ?
    Et pourtant, le moraliste privé qu’est ici le Pape qualifie lui-même l’utilisation de préservatifs de solution non morale, et là il faudrait expliquer. De quelle morale s’agit-il ? Comme il vient d’évoquer la pluralité des solutions employées par certains Etats (la solution ABC), on se retrouve alors devant un problème classique de morale politique, faisant intervenir la notion de tolérance morale. L’Etat ne peut et ne doit pas tout régir, mais il prend tous les moyens connus pour éradiquer des maux sociaux, un fléau sanitaire, au bénéfice de la population. C’est son devoir propre et le plus urgent. Ainsi le but poursuivi ne se confond-il pas avec la propagation d’une morale néfaste, mais avec une efficacité vertueuse faisant l’impasse sur l’exclusivité d’une conduite vraiment morale afin de réaliser au mieux le but poursuivi qui est urgent et qui est de son ressort. Dans ce cadre où le bien commun politique ne se confond pas avec le bien moral des actes humains personnels, il est moralement possible et parfois souhaitable de tolérer que le but poursuivi recueille le concours de volontés foncièrement mal orientées mais adaptées à la poursuite de ce but. Ainsi l’Etat aura-il rempli son propre rôle avec le concours des citoyens, et c’est tout le bien qu’on lui demande. Ainsi les citoyens, même les plus mal orientés personnellement, auront-ils au moins concouru à un bien commun politique, mais cela ne fait d’eux que des bons citoyens.
    Là où le bât blesse, c’est qu’il s’agit de morale personnelle qu’on ne peut traiter de façon « politique ». En effet, comment peut-on être en chemin vers une sexualité plus humaine dans le cadre précis où on pratique une sexualité inhumaine, et où on prend des moyens intrinsèquement mauvais qui consacrent en quelque sorte l’installation dans cette forme de sexualité en même temps qu’ils en atténuent les effets prévisibles néfastes ? Certains commentaires de moralistes me laissent rêveur : le mal moral résiderait uniquement chez celui qui se donne le but de vivre la sexualité de type conjugal en bloquant artificiellement ses effets naturels. Ainsi, pense-t-on « sauver » Humanae Vitae, qui ne parle, dit-on, que de contraception conjugale. La sportive qui prend la pilule pour réussir ses compétitions ne serait donc pas concernée, ni le prostitué mâle (homosexuel), parce qu’ils ne se mettent pas en situation de procréer en situation conjugale. Or le n°14 d’Humanae Vitae ne parle pas que de cela. Il vise de front le principe posé par Rm 3,8 et par conséquent la morale fondamentale, et par conséquent la notion d’actes intrinsèquement et toujours mauvais qui débordent le cas de la contraception conjugale pour concerner tous les actes humains. S’il y a des cas, comme certains commentateurs nous expliquent, où l’usage de contraceptifs « objectifs » se qualifie moralement en fonction du but poursuivi par l’utilisateur, comment alors ne pas faire de ce critère du but poursuivi, le critère moralement qualifiant du comportement humain, y compris en situation conjugale ? Or c’est justement ce qu’a refusé frontalement Humanae Vitae, avec les conséquences que l’on connaît.
    Tout au plus le premier pas dont parle le Pape sera-t-il celui d’un bon citoyen, qui s’évitera et évitera les conséquences. Sera-t-il pour autant et par l’emploi de moyens intrinsèquement mauvais (concourant par eux-mêmes à un usage désordonné de la sexualité dès lors qu’ils sont employés) en chemin pour être meilleur homme ? Le Pape ne va pas jusque là, il faut le reconnaître. Il parle de l’éveil de la personne qui est en situation contraire à la morale et employant des moyens de même nature. Mais est-ce pour autant un progrès moral au plan de sa personne ? Et peut-on faire un pas vers la morale en situation où on emploie des moyens qualifiés par le Pape lui-même de solution non réelle ou morale ? Je ne le crois pas. Tout au plus – et c’est beaucoup – peut-on réfléchir des conséquences aux causes ; et pour nous qui sommes bien pécheurs et faillibles, c’est souvent le chemin concret de la conversion. Avoir la trouille avant de se remettre à faire le bien, cela nous concerne et nous qualifie souvent. Mais le premier pas vers la morale, il me semble, est nécessairement moral, intrinsèquement et objectivement moral, et là, le discours du Pape nécessite quelques explications…On ne passe pas comme cela de la description phénoménologique et subjective des comportements à la clarification du bien objectif et intrinsèque, objet de morale et de vraie progression vers le bien en laquelle réside la juste gradualité.
    On pourrait aussi discuter – et c’est mon cas – la pertinence de l’exemple choisi par le moraliste et Pape. Qu’en est-il des millions de personnes qui se sont enfoncées dans la sexualité compulsive ? N’y a-t-il pas alors lieu d’évoquer leurs petits pas vers la morale dès lors qu’elles s’évitent et évitent aux autres des conséquences graves ? Mais alors, ne va-t-on pas vers un descriptif généralisé de la conduite morale à tenir en ces cas-là ? On l’aura compris, il y a loin de la morale politique à la morale humaine, et de la morale humaine à la description phénoménologique des subjectivités. On ne passe pas comme cela d’une discipline à une autre, d’une normativité à une autre, ou d’une description du sujet à une normativité qui le concerne.
    Tout autre chose enfin est la tentative scabreuse de décliner l’unité de pensée de l’épiscopat catholique sur ces questions, en citant les prises de positions anciennes de tel ou tel évêque (par exemple le Cardinal Lustiger et d’autres), et en disant que le Pape rejoint cela. Là, on nage dans l’escroquerie intellectuelle, parce que ces hautes personnalités ont employé le conseil direct là où le redressement moral était jugé impossible dans l’instant. Et je comprends fort bien, avec empathie, qu’ils aient dit cela. Mais justement le Pape n’est pas allé sur ce chemin. A-t-il freiné à temps ? C’est un autre problème. Il semble que d’autres ont essayé de freiner pour limiter les conséquences d’un positionnement à la fois très profond, humain en intention, mais intellectuellement problématique. Là encore, il faudrait quelques précisions officielles, sans esprit de concordisme, parce qu’il ne s’agit pas vraiment d’un morceau de caoutchouc mais de la difficile conduite morale humaine pour le bien objectif des personnes, et de la fonction pastorale catholique qui y est attachée.

  3. Jean-Claude Chevalier dit :

    quand on est pape, j’imagine qu’on ne peut plus faire des commentaires de second ordre… même à un bon journaliste