Dialogue interreligieux et oecuménisme

Le cardinal Levada rappelle qu’Assise III ne sera pas un rassemblement syncrétiste

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Commentaires (2)
  1. Boris Maire dit :

    C’est encore cette vieille histoire de scandale !

    Mais celui-ci provient du non-respect de la doctrine, pas de ceux qui désinforme sur un prétendu non-respect de celle-ci.

    Il n’y aurait aucun scandale si tous les intéressés rappelaient la doctrine catholique qui sous-tend cette rencontre, comme le font les cardinaux de la Sainte Eglise, comme l’a fait en son temps le Pape alors qu’il n’était que Cardinal !

    D’où vient le scandale ? De ce que certains refusent un dialogue POUR LA PAIX, que les mêmes refusent de reconnaître que c’est l’Eglise CATHOLIQUE et pas une autre Eglise ni une autre communauté chrétienne, ni une autre religion, qui CONVOQUE tout ce monde.

    Ainsi, il me parait évident que le Christ est bien le chef de tout le troupeau puisque c’est son vicaire terrestre qui convoque tout le monde, c’est donc bien que la Vérité est intégralement dans l’Eglise Catholique et pas ailleurs.

    Le scandale vient de ceux qui font du “buzz” et non du Pape.

    Mais comparons au respect de la Liturgie : le scandale nait dans ce cas de la hiérarchie qui refuse la doctrine, et non des laïcs qui réclament cette doctrine, alors que les médias nous disent le contraire.

    Nous sommes dans 2 cas radicalement opposés : dans le problème liturgique, la hiérarchie ecclésiale refuse la doctrine et est donc source de scandale, dans le cas d’Assise III, le Pape et les organisateurs respectent la doctrine et le scandale vient de ceux qui prétendent le contraire.

  2. A Z dit :

    Rebonjour,

    1. D’une part, Assise pose bien un problème de doctrine, compte tenu du fait qu’il découle du Concile (cf le discours de Jean-Paul II, le 22/12/1986), et compte tenu de plusieurs effets de rétro-action, id est de répercussions génératrices d’ambivalences ou d’hétérodoxies doctrinales et pastorales, à ciel ouvert, au sein même de l’Eglise.

    Cela, Jean-Paul II et le futur Benoît XVI eux-mêmes ont reconnu qu’ils en avaient bien conscience, au début de la déclaration Dominus Iesus (2000).

    Il s’agit là d’un texte à lire et à faire lire, y compris compte tenu de ses limites, notamment du fait d’un déficit d’explicitation de la spécificité de l’articulation

    – entre la véritable autonomie de la personne humaine,

    – et l’autorité de la véritable parole divine,

    mais c’est un autre débat.

    2. D’autre part, et contrairement à une idée fréquemment répandue, le fait que l’Eglise soit à la fois la première et la seule institution à organiser ce genre de rencontres ou réunions confirme d’autant moins, à lui tout seul, le caractère “inspiré par Dieu” de ce genre d’initiatives, que l’Eglise n’a pas été la première et n’est pas la seule à inviter à se rencontrer ou à se réunir les représentants ou responsables des principales religions ou traditions sapientielles et spirituelles, en direction et en faveur de davantage de paix dans le monde.

    Considérez en effet, entre autres échéances

    – Chicago, en 1893,

    – Kyoto, en 1970,

    – Astana, en 2003, 2006, 2009.

    3. De deux choses l’une :

    A. – Ou bien le dispositif et le déroulement de ce genre d’évènements, y compris à Assise, sont mis au service d’un objectif avant tout purement séculier ou terrestre, dans le cadre d’une approche essentiellement sinon exclusivement horizontaliste, le dialogue entre les religions y étant tenu pour une composante, parmi d’autres, du dialogue entre les cultures.

    Cela ne signifie pas qu’à mes yeux cet objectif soit illégitime, mais cela ne signifie pas non plus que cet objectif soit mieux atteint par ces rassemblements que par des décisions politiques “matérielles” et “temporelles”, extrêmement concrètes, et de nature à remettre en cause le statu quo mondial, générateur de guerres, notamment pour des raisons ou par des moyens économiques.

    B. – Ou bien on introduit, dans ce dispositif et dans ce déroulement, mais à Assise, une dimension et une intention d’autant plus “anthropo-théo-logales”, verticalisantes,

    – que les autres rassemblements du même type ne sont pas organisés par des institutions exerçant, comme l’Eglise, une autorité, en matière religieuse ;

    – que c’est toujours l’Eglise qui est la “puissance invitante”, alors que l’on pourrait très bien envisager, comme au G 7-8-20, une “présidence tournante”.

    Que ce soit le point A ou le point B qui “l’emporte”, je ne vois pas très bien dans quelle mesure le fait que l’Eglise catholique se mette ainsi à peu près dans la même position que le Parlement mondial des Religions contribue en quoi que ce soit à la concrétisation du fait qu’elle est avant tout le Corps mystique du Christ.

    4. A la vérité, en jouant alternativement sur la dimension horizontale et sur la dimension verticale de l’évènement, les opposants aux “détracteurs” ou les partisans des “impulseurs” des rencontres ou réunions qui sont organisées à Assise me rappellent parfois ceux qui défendaient le texte soumis au référendum, en 2005,

    – tantôt en disant que l’on n’avait d’autant moins de raisons d’être contre le projet de traité qu’il s’agissait de quelque chose de bien plus ambitieux et génial, à savoir une constitution,

    – tantôt en disant que l’on n’avait d’autant moins de raisons d’être contre le projet de constitution, qu’il s’agissait de quelque chose de bien plus anodin et normal, à savoir un traité.

    5. Assise n’est ni ambitieux, ni génial, ni anodin, ni normal ; c’est la moindre des choses que la réitération d’un tel évènement

    – étonne, notamment ceux qui ont cru pouvoir lire dans l’élection de Benoît XVI le signe d’une accentuation et d’une continuation, sur cette question, de “l’assagissement” dans lequel le Saint Siège, sur d’autres questions, est entré, au sortir des deux décennies les plus douloureusement et dramatiquement marquées par “Vatican II”, et à partir du début du quart de siècle qui a été incarné par Jean-Paul II ;

    – inquiète, notamment ceux qui ont cru pouvoir lire dans le discours du 22 décembre 2005 l’annonce de la fermeture, imminente ou ultérieure, de la parenthèse conciliaire, sur la question, parmi d’autres, des relations avec les autres religions, alors qu’il ne s’agit pas d’une parenthèse sectorielle et transitoire, mais d’une stratégie globale et continue ;

    – préoccupe, voire scandalise, tous ceux qui considèrent que l’Eglise doit préciser ou rappeler les repères plus essentiels, dans l’ordre de la foi comme dans celui des moeurs, y compris à l’attention des non catholiques, sans rien taire de ce que sont les fondements et le contenu de ces repères, alors qu’elle donne à penser qu’elle semble les taire compte tenu du positionnement religieux ou ou en fonction de la sensibilité spirituelle non chrétienne de tels ou tels interlocuteurs.

    6. La “transformation” de l’interlocuteur croyant non chrétien, en “imbécile heureux” ou en “suppôt de Satan”, ne serait évidemment, entre autres choses, pas très intelligente, que ce soit dans l’ordre de la foi ou dans celui de la charité, et serait contre-productive, en matière d’apologétique ou d’évangélisation.

    7. Mais sa “transformation” en collaborateur au service de la paix, en collaborateur avec lequel on se place, en quelque sorte, sur un pied d’égalité,

    sur le même terrain, celui de la contribution spirituelle (dotée d’une homogénéité surnaturelle transversale et verticale ?) à la recherche et à la construction de la paix,

    n’est absolument pas insignifiante, que ce soit sur les plans philosophiques et théologiques, ou sur les plans anthropologiques et pneumatologiques.

    8. En suivant l’ordre d’idées qui précède, et “en cherchant bien”, on trouvera donc peut-être “au moins” une raison d’être inquiet pour l’inscription d’Assise dans le cadre de la la suite de la mise en oeuvre de l’herméneutique du renouveau dans la continuité, à moins qu’il s’agisse du renouveau post-conciliaire, dans la continuité du Concile, ce que je n’espère pas, mais, là aussi, c’est un autre débat.

    9. En définitive, compte tenu du fait que l’Eglise souffre d’une crise de foi profonde et durable, depuis cinquante ans, l’une des questions, certes, indirecte, par rapport à Assise, mais tout de même pas totalement hors sujet, dans ce contexte interne à l’Eglise, est ou sera de savoir si ce type d’initiatives est, ou n’est pas, de nature à consolider, ou à fragiliser, l’adhésion des fidèles à la foi catholique.

    10. A contrario, on peut toujours se demander si tout cela ne va pas en direction de l’opinion selon laquelle (le seul vrai) Dieu se manifeste

    – d’une manière “diverse” et “plurielle”, au moyen de différents “canaux” religieux, de différentes “émissions de fréquences” spirituelles

    mais aussi

    – d’une manière “englobante” et “unifiante”, au point d’inspirer un même amour de la paix aux représentants des croyants relevant de presque toutes les religions.

    C’est peut-être oublier un peu vite

    – que certains de ces représentants ne représenteront qu’eux-mêmes, ne serait que pour des raisons “hiérarcho-institutionnelles” propres à certaines religions ;

    – que ce n’est pas précisément cela qu’a voulu notre Seigneur, pour la gloire de Dieu et le salut du monde.

    Bonne fin de journée, et merci par avance pour toute remarque ou suggestion susceptible de me permettre d’améliorer mon propos, sur la forme ou sur le fond.

    A Z