Divers Jeanne smits

Réponse à un lecteur à propos de Recife

Commentaires (2)
  1. bene 56 dit :

    Merci madame d’avoir pris la peine de répondre point par point à mes réflexions et questions; pardon aussi pour les fautes que j’avais négligées de corriger…J’approuve la très grande majorité de votre analyse et spécialement sur deux points très judicieux : celui relatif à la nécessité pour ” nos tout-petits frères en humanité” que sont les enfants à naître d’avoir des défenseurs très actifs. Celui aussi sur l’hypocrisie des” semeurs” de la “culture de mort”, de la destruction des familles , de la banalisation de la pornographie qui s’étonnent ensuite d’en récolter les fruits amers pour toute la société…Et n’avez-vous peut-être pas tort d’affirmer que le contexte de famille recomposée a pu jouer dans le passage à l’acte de ce viol du “beau-père” au Brésil…Sans l’exonérer toutefois de sa responsabilité personnelle et sans oublier aussi les nombreux cas d’incestes dans les “familles classiques”.Concernant le concept d’idéologie, ce n’est selon moi pas avant tout un” mensonge” comme vous l’affirmez mais le glissement de l’adhésion à une vérité ponctuelle exacte et objective, vers un système absolu prétendant résumer à lui-seul le Réel et aboutissant dans les faits à relativiser la valeur d’une vie humaine, pour lui préférer finalement la poursuite des fins que cette idéologie s’est fixées. On l’a vu pour les totalitarismes nazis et communistes…Mais pour que cela ne nous éloigne pas de notre sujet je pourrais évoquer l’exemple de parents” témoins de Jéhovah” qui ont refusé une transfusion sanguine salvatrice pour leur enfant, provoquant donc indirectement sa mort, parce qu’en l’occurrence leur croyance leur interdisait cet acte médical. Ne sommes-nous pas dans ce cas de croyance face à une idéologie, qui sacrifie une vie humaine sur l’autel d’un interdit religieux ? Dans ce sens, sur la question de Recife, j’ai été d’avantage convaincu par votre argument scientifique, la vie de la fillette n’était pas en danger, que par le fait que son père légitime était opposé à l’avortement. Car cela suffisait-il à en faire un père qui allait prendre la bonne décision pour sa fille Carmen ? Non…Il fallait plutôt une compétence médicale et éthique pour bien apprécier l’intérêt des trois vies humaines dans ce dossier.Cette réflexion m’amène à évoquer les accusations “d’idéologues” que porte à votre encontre P. de Plunkett. Est-ce correct d’affirmer par ailleurs “qu’il n’aimait pas la variété des pro-vie” ? Cela m’étonne et reste à vérifier… Il évoquait peut-être d’avantage ceux qui mélangent facilement les genres entre combat pour la vie des enfants à naître et militantisme pour l’ultra droite. L’idéologie en l’occurrence ne se trouverait pas, en soi, dans cette très noble cause de la défense des vies à naître mais bien dans l’état d’esprit animant “les combattants”. Les uns ne perdant pas de vue qu’ils défendent les plus petits d’entre-eux par amour de la vérité et de leur Seigneur, les autres s’égarant dans une lutte ambiguë aux arrière-pensées partisanes…Il ne m’appartient pas de « sonder les pensées et les cœurs », cela revient seul au Seigneur. J’ai pu observer cependant des comportements et des paroles qui m’amènent à être parfois circonspect, voire plus, sur les motivations profondes de certains militants pro-vie… Quant aux moyens à mettre en oeuvre dans ce combat, que chacun fasse selon ce que lui inspire sa conscience, avec l’intelligence du Saint-Esprit, pour adapter des stratégies aux diverses situations nationales. A ce sujet, est-ce réaliste, compte tenu du rapport de force actuel, de vouloir abroger la loi Veil ? Exiger déjà de revenir au cadre originel de cette loi serait une belle victoire !Ensuite, après avoir lu sur “liberté politique” le texte complet de Tugdual Derville, je n’y voit toujours rien qui diffère sur le fond, point par point, de votre pensée sur le problème éthique que pose l’affaire brésilienne…Quant au “système politique autoritaire” auquel l’ultra droite catholique semble aspirer, (Je n’ai pas enquêté sur vous et ne vous connais pas assez pour juger de vos opinions politiques) je voulais évoquer les risques d’illusion spirituelle à vouloir convertir les coeurs et les esprits”” par en-haut”, par la force et la contrainte du pouvoir politique, par un régime théocratique totalitaire. Le mieux serait peut-être un jour une monarchie constitutionnelle démocratique, réconciliant la France avec ses racines chrétiennes. Mais ne rêvons pas, il semble qu’il faille que la France passe par bien des épreuves avant qu’elle puisse à nouveau se tourner vers son Sauveur et qu’ainsi sa Royauté s’instaure dans les âmes. En attendant, essayons d’être maintenant d’authentiques témoins du Christ Jésus, dans nos paroles et nos actes, contre vents et marées, pour lui gagner des âmes ouvertes à la Vérité…Merci madame pour votre travail sérieux et édifiant de journaliste catholique.

  2. Jean Goyard dit :

    Madame Smits, je veux rendre ici hommage à votre rôle de journaliste catholique, méthodique, objectif. Bravo pour votre article en 9 points ainsi que pour celui qui a suivi sur l’affaire de Recife.Il faut en effet éclairer ce qui est embrouillé : Notre Seigneur Jésus-Christ n’a-t-Il pas donné à ses disciples l’injonction “Que votre oui soit oui, et que votre non soit non” ? Pour certains l’Eglise ne devrait être qu’une grand-mère gâteau incapable de loi normative. Ils oublient qu’elle est une société que la doctrine constante des Papes qualifie de “parfaite”, c’est-à-dire qui ne dépend d’aucun autre corps pour exister et fonctionner. C’est une société visible donc avec ses lois, donc une institution. Elle n’est ni volatile, ni vaporeuse ni pneumatique, ce qui serait l’erreur gnostique. L’Eglise est notre Mère, aimante, miséricordieuse et prête à pardonner, toujours, (mais la demande de pardon est une condition indispensable, par ex. pour recevoir l’absolution), mais aussi éducatrice de ses enfants ; “malheur à celui qui ne corrige pas ses enfants” nous dit encore la Bible. D’autres tournent d’instinct leur pitié plutôt vers les coupables, et reprochent à l’Eglise et à la civilisation inspirée par celle-ci) de transformer les coupables en victimes, par leur intransigeance. C’est l’illusion qu’en étant gentil avec la méchanceté, le mal finira par devenir bon. La vie du Christ et l’Histoire de l’Eglise démentent cela. C’est l’erreur libérale qui, pour refuser la “répression” du mal, accepte volontiers l’injuste punition du bien : dans le cas présent, la mère mineure, incapable de décider quelque chose qui la dépasse et qui va supporter les douloureuses conséquences de l’avortement toute sa vie… et surtout les 2 jumeaux qu’elle portait et qu’on a tués. Excuser volontiers le mal c’est ignorer la demande expresse du Christ dans l’Evangile cité plus haut.Puis il y a ceux qui osent donner le principe moral seulement après avoir cru donner une foule de preuves de leur compréhension, compassion, pitié, commisération… Leur témoignage de la vérité reste alors dilué dans un fatras où il devient impossible au lecteur moyen de trouver la perle de la doctrine catholique au milieu de leur position personnelle, de démêler la parole de l’Eglise des fils de leurs sentiments intimes, le vrai du moins vrai en fin de comptes… un peu comme si les disciples du Christ avaient à demander au monde son autorisation pour rendre témoignage à une vérité trop difficile à accepter en elle-même. Mais Notre Seigneur ne le savait-Il pas ? Etait-ce plus facile à son époque qu’à la nôtre ? Qu’on tourne le regard vers les lumineuses encycliques des Papes, et on verra à quel point ils parlent sur un ton haut et fort, ni ne demandent l’autorisation d’exister. Ne serait-ce pas là l’erreur “démocrate-chrétienne” ?Cette palette met en évidence trois catégories alors qu’il faudrait bien sûr écarter le nuancier et envisager mieux le dégradé des coloris. Une chose peut en tous cas puissamment aider à résoudre le problème : prier pour que nous tous, quelle que soit la forme de nos mentalités, devenions profondément convaincus de notre vraie légitimité de fils de Dieu, afin que nous sachions appeler un chat, un chat, à temps et à contre-temps, selon l’exemple de Saint Paul, si peu apprécié de nos jours.