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De Pie XII à Paul VI : les circonvolutions de la cause des saints

Commentaire (1)
  1. A Z dit :

    Bonjour et bonne année à tous.

    1. Si cette perspective de béatification se transformait en béatification effective, cela prouverait peut-être que nous sommes bien en présence d’une mise en oeuvre de ce que l’on pourrait appeler “l’herméneutique du renouveau conciliaire, dans la continuité du Concile”, puisque nous avons eu, avant-hier, la béatification de Jean XXIII, hier, celle de Jean-Paul II, que nous aurons peut-être demain, celle de Paul VI, et peut-être encore, mais après-demain, celle de Benoît XVI, la béatification de Pie IX, dans ce contexte, ayant été, pour l’instant, plus compensatoire qu’annonciatrice de celle d’un autre pontife antérieur au Concile.

    2. Paul VI restera, à tout jamais, à la fois le Pape du Concile et celui du premier après-Concile, id est le Pape qui s’est voulu, dans les deux sens du terme, le premier serviteur du Concile, pendant et après celui-ci.

    3. Paul VI n’a pas pu, pas su, ou pas voulu, recadrer les uns, sanctionner les autres, encourager les uns, excommunier les autres, de telle sorte que son attitude pastorale,

    – compréhensive, sinon approbatrice, à l’égard des clercs néo-modernistes ou néo-progressistes,

    – contre-productive et incompréhensible, à l’endroit des fidèles, notamment, mais pas seulement, des fidèles traditionalistes,

    a bien plus desservi le Concile qu’elle ne l’a vraiment servi.

    4. Dans l’ensemble, son enseignement n’est pas à mettre en cause, et on lui doit même des précisions ou des rappels courageux et utiles : entre autres : Mysterium fidei, Sacerdotalis Caelibatus, Humanae Vitae, la Profession de Foi du 30 juin 1968, Evangelii nuntiandi.

    5. Mais quand il a vu que la mise en oeuvre du Concile, notamment en matière liturgique, commençait à produire les effets désastreux que nous connaissons et subissons, peut-être bien plus en France et en Europe occidentale qu’ailleurs dans l’Eglise, au lieu de ralentir la réforme, en vue d’en assagir les acteurs, il a préféré accélérer la réforme, au risque d’en amplifier les conséquences les plus destructrices, ce qui n’a pas manqué de se produire.

    6. Il y a certainement eu en lui un manque de réalisme, certainement influencé par la part d’angélisme, d’irénisme, d’utopisme, que l’on trouve dans le corpus textuel du Concile, mais aussi dans le climat mental qui s’est formé au sein et autour de l’aula conciliaire.

    7. Mais il y a eu aussi en lui une ambivalence tout à fait singulière : pourquoi a-t-il supporté avec une telle passivité le détournement de finalité, d’inspiration horizontaliste et humanitariste, dont le Concile a été l’objet, dès le début de l’année liturgique 1965-1966, tout en en déplorant les abus ou les excès “pastoraux”, mais sans presque jamais contrecarrer ni contredire, d’une manière énergique, les théologiens qui faisaient dire et les évêques qui laissaient faire les errements et manquements qui étaient précisément à l’origine de ces abus ou de ces excès ?

    8. De même, alors qu’il a été possible, dès la fin des années 1960, ou le début des années 1970, et qu’il est toujours possible, aujourd’hui encore, de voir que la réforme de la liturgie n’est pas précisément synonyme de fécondité spirituelle, au point de susciter, dans les assemblées dominicales, un assez grand nombre de vocations religieuses et sacerdotales, pourquoi s’est-il entêté, s’est-il obstiné, à mettre en oeuvre cette réforme, au risque de priver l’Eglise d’une partie non négligeable de ce qu’elle surnaturellement vocation à recevoir, à porter en elle, et à transmettre ?

    9. Je rappellerai ici quelques textes, que certains aimeraient peut-être pouvoir rendre oubliables ou introuvables :

    http://lacriseintegriste.typepad.fr/weblog/1965/12/discours-de-paul-vi-lors-de-la-clôture-du-concile-vatican-ii.html

    http://lacriseintegriste.typepad.fr/weblog/1969/11/audience-générale-de-paul-vi.html

    http://lacriseintegriste.typepad.fr/weblog/1969/11/audience-générale-de-paul-vi-1.html

    10. Et je rappellerai surtout qui est le grand oublié de toute cette dynamique de béatification des souverains pontifes contemporains : Léon XIII, bien sûr, à qui nous ne devons, pour l’essentiel et sur l’essentiel, que des attitudes, que des enseignements, qui ont grandement contribué à la consolidation de la Foi catholique et de l’Eglise catholique.

    11. Je crois que c’est cela que l’on doit pouvoir dire d’un bon pape : on doit pouvoir dire d’un bon pape qu’il a vraiment oeuvré, au cours de son pontificat, en direction et au service de la consolidation de la Foi catholique et de l’Eglise catholique, que la fécondité de son action ait été perceptible dès le cours de son pontificat, ou seulement par la suite.

    12. Cela ne signifie pas qu’à mes yeux Paul VI n’a pas été un bon pape, ni qu’il a été un mauvais pape, mais cela signifie simplement qu’il n’a “possiblement” pas encore été constaté, ni pendant, ni après son pontificat, que celui-ci avait grandement contribué, grâce à l’action de Paul VI lui-même, à la consolidation de la Foi catholique et de l’Eglise catholique.

    13. Je vous renvoie enfin en direction de ces ouvrages :

    Yves Chiron : “Paul VI, le pape écartelé”, aux éditions Perrin

    Paul Lesourd et Jean-Marie Benjamin : “Paul VI, 1897-1978”, aux éditions France-Empire.

    14. Je sais bien que la béatification d’un pontife n’équivaut pas à celle d’un pontificat, et je sais tout aussi bien que la pratique du grand écart peut être, dans certaines conditions et sous certaines précautions, excellente pour la santé, mais je crois simplement que, dans ce domaine comme dans d’autres, il faut “parfois” penser à ne pas aller trop loin.

    Bonne année et bonne santé pour tous ceux qui voudront bien publier ce message et pour tous ceux qui voudront bien le lire ; je suis, nous sommes, vous êtes, sans illusions : cette année 2013 va être extrêmement difficile, aussi je souhaite bon courage, dans le Christ, à tous ceux qui en auront besoin, et nous en avons et en aurons tous besoin.

    A Z