Mgr Thierry Scherrer, évêque de Laval où est née Thérèse Rondeau, témoigne des nombreuses grâces reçues par son diocèse du fait de l’intuition de la religieuse, qui invite à une confiance totale en la Miséricorde divine. Il déclare dans L’Homme Nouveau, qui a consacré un dossier à Mère Thérèse Rondeau de Laval :
Le diocèse de Laval a beaucoup de chance ! Voici, en effet, que nous ne cessons, depuis quelques mois, de célébrer des anniversaires nous rappelant combien la grâce de Dieu a été féconde sur notre terre mayennaise au cours de son Histoire.
Au lendemain de la Révolution, qui fut chez nous sanglante, – nous célébrerons d’ailleurs, le 4 septembre prochain, le bicentenaire de la translation des corps de nos quatorze prêtres martyrs, béatifiés par le pape Pie XII, en la basilique d’Avesnières –, notre Église a connu un renouveau magnifique et l’éclosion de nouvelles communautés. C’est à Entrammes, à Port-du-Salut, sur les rives de la Mayenne, que les trappistes sont revenus s’installer en 1815 ; à Laval que les trappistines les ont rejoints l’année suivante.
En 1818, dans le silence et la discrétion qui sont la signature de Dieu, une autre œuvre allait naître : Notre-Dame de la Miséricorde. Sa mission ? Secourir celles que l’on appelait, dans le vocabulaire de l’époque, « les filles perdues ». Perdues, ces jeunes femmes l’étaient, certes, mais pas au sens qu’on donnait alors à ce mot… Elles étaient per- dues dans un monde dur, cruel, trop tourné, déjà, vers la re- cherche du succès et du profit matériel, monde où leur fragilité, leur faiblesse n’avaient pas leur place. Ce monde impitoyable les écrasait, les conduisant à la déchéance du corps, du cœur et de l’âme, et sou- vent à une mort prématurée. Face à cette misère, cette souffrance, deux missionnaires jésuites se sont émus. Ils ont voulu aider celles que personne n’aidait. Pour ce faire, ils avaient besoin d’une femme prête à se dévouer à ce but en apparence ingrat.
Cette femme, ils l’ont rencontrée : Thérèse Rondeau, jeune repasseuse lavalloise, âme de feu toute donnée à Dieu et au prochain. Renonçant à entrer dans la communauté parisienne qu’elle avait choisie, Thérèse s’est vouée à faire connaître, près d’un demi-siècle, « la hauteur, la largeur, la profondeur » de l’amour de Dieu à celles qui n’en avaient jamais entendu parler. Et par là, à leur rendre leur dignité humaine et leur honneur d’enfants de Dieu.
Jusqu’à sa mort, il y a cent cinquante ans, le 16 juillet 1866, Mère Thérèse, pour des centaines de malheureuses, a été l’interprète de la Miséricorde divine. Et c’est l’une de ses filles de Pologne, sœur Faustine, héritière de sa spiritualité, que le Christ choisit comme messagère de son amour miséricordieux pour l’humanité souffrante ! Ce n’est pas rien !
Ne devons-nous pas voir un clin d’œil de la Providence si le cent cinquantième anniversaire du retour au Père de Thérèse coïncide, justement, avec cette belle Année de la Miséricorde voulue par le Pape François ?
L’heure de la Miséricorde sonne chaque jour au clocher de notre cathédrale cette année, afin de rappeler à tous qu’à chaque instant, Jésus nous attend, prêt à nous pardonner nos erreurs et nos fautes, nos crimes même.
Il suffit d’aller à lui. Avec la confiance totale qui était celle de Mère Thérèse et qui ne fut jamais déçue. Alors, quand nous l’aurons trouvé, ou retrouvé, lui, source de tout amour et toute miséricorde, nous pourrons aller, le cœur renouvelé, disponible et serein, vers nos frères qui, si souvent, en ont tant besoin !