Perepiscopus

Mgr Cattenoz nous alerte sur les principes non négociables

Commentaire (1)
  1. A Z dit :

    Bonjour à tous,

    Je fais suite à une récente remarque, le 5 avril, dans “Face aux chrétiens”, du Cardinal Vingt-Trois :

    ” Pour « négocier », il faut être plusieurs. Je ne vois pas bien qui sont les partenaires dans ce cas. L’électeur ne négocie pas, il vote pour ou il vote contre. Comme Conférence épiscopale représentant l’Église en France, nous avons posé treize thèmes de discernement, des aspects de la vie des hommes qui sont pour nous plus importants, et par rapport auxquels nous conseillons les électeurs de se déterminer. ”

    Je propose ou suggère, à toutes fins utiles, que l’on parle plutôt de principes non adaptables ni ajustables, ou non modifiables ni modulables, ou non “transgressables”, ou, de préférence, de “principes intangibles et inviolables”.

    Pour une fois, je suis d’accord avec Monseigneur Vingt-Trois : c’est vrai, en la matière, qui négocie ou négocierait quoi avec qui ? Le pouvoir exécutif avec le pouvoir législatif ? L’un et l’autre, plus ou moins unis, avec les lobbies, économiques et sociaux et / ou intellectuels et moraux ? Les pouvoirs exécutif et législatif et les divers lobbies avec le monde associatif représentant la société civile ? Mais sur quelles bases et dans quel cadre ?

    Par ailleurs, faire entendre qu’il y a des principes non négociables revient à laisser entendre qu’il y a des principes négociables, ce qui pourrait très bien être objecté à ceux qui mettent en avant les principes non négociables.

    Je comprends bien quel est l’avantage qui réside dans le fait de recourir à l’expression principes non négociables : dans un monde dans lequel presque tout est ou semble “négociable”, cela met en avant le fait qu’il y a encore, par dessus tout, et plus que jamais, des principes que je préfère qualifier “d’intangibles” ou “d’inviolables”.

    Mais en fait, ce qui est, le plus souvent, “négociable”, au coeur de ce monde, qui ressemble de plus à une “structure de péché”, comme disait Jean-Paul II, dans le chapitre 5 de Sollicitudo Rei Socialis, ce qui est “négociable”, ce ne sont pas des principes, ce sont des ambitions personnelles, des convictions subjectives, des positions tacticiennes, des intérêts égoïstes, individuels ou collectifs.

    Il va falloir que les catholiques redécouvrent le sens de l’intransigeance chrétienne : la miséricorde est due aux personnes pensant et vivant dans l’erreur, mais elle n’est pas due aux principes dénonçables, car erronés, qui sont à l’origine de ces erreurs, ni aux pratiques déplorables qui sont les conséquences de ces principes.

    L’autre avantage que je vois dans le recours à une expression telle que “principes intangibles et inviolables” est le suivant : sa mise en avant dans l’espace public devrait permettre de prendre conscience du fait que les ennemis de la loi naturelle et / ou de la foi catholique sont porteurs, eux aussi, de principes intangibles et inviolables, mais voilà, non seulement ce ne sont pas les mêmes, mais en plus, ils sont incompatibles et inconciliables avec ceux découlant de la loi naturelle et / ou de la foi catholique.

    Je n’en appelle pas à une “guerre sainte”, dans l’esprit public, dans le corps social, mais j’en appelle à l’ouverture des yeux des catholiques sur le fait suivant : la logique qui prévaut souvent, dans les faits, depuis cinquante ans, est la logique, pour ainsi dire, de la “déploration dans la timidité”, dans le cadre de laquelle on a souvent dénoncé le moins possible les principes erronés, tout en déplorant le plus possible les abus, les excès, les pratiques qui en découlaient.

    Cette logique a amplement contribué à la délégitimation et à la marginalisation de la parole publique officielle d’inspiration catholique explicite.

    C’est un mythe qu’il nous dénoncer, et c’est à un mythe qu’il nous faut renoncer : c’est le mythe de l’incompatibilité “accidentelle”, “circonstancielle” ou “conjoncturelle”, “provisoire” ou “transitoire”, voire de la “convergence” “potentielle” et “tendancielle”,

    – entre les principes et les pratiques conformes, pour aller vite, aux trois concupiscences, et à l’esprit du monde,

    – et les principes intangibles ou inviolables découlant de la loi naturelle et / ou de la foi catholique.

    En un sens, c’est ce mythe, et pas autre chose, qui constitue l’hérésie du XX° siècle, appliquée à la morale, qu’il s’agisse de la morale politique et sociétale, ou de la morale domestique et familiale.

    Il va falloir que nous précisions et rappelions, à nous-mêmes puis aux autres, que le christianisme catholique, dans ses principes mêmes,

    – n’est pas compatible ni conciliable avec le consensus libéral-libertaire, sensualiste et techniciste, faussement libérateur, vraiment asservissant,

    – mais est, bien au contraire LE dissensus qui éclaire et qui libère, le dissensus incarné, incarné en Jésus-Christ, et inspiré par l’Esprit, qui est Seigneur et qui donne la vie.

    Bonne journée à tous.

    A Z