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Retrouver le lien entre le baptême, la confirmation et la première communion

Commentaires (7)
  1. Cassianus dit :

    “Ce n’est pas l’enfant qui se confirme…” : Non, évidemment, il ne se confirme pas lui-même, il est confirmé, c’est-à-dire affermi par une grâce sacramentelle. Mais il est admis communément que les sacrements produisent de meilleurs effets dans des âmes bien disposées. S’ils devaient agir seulement par leur propre vertu, il n’y aurait pas d’inconvénient à donner la communion aux nouveaux-nés au moment de leur baptême. Et cela se ferait avec plus de raison que donner la confirmation à de très jeunes enfants, car la chair du Christ est l’aliment normal et indispensable de la vie spirituelle, tandis que la confirmation paraît être plutôt un équipement extraordinaire pour faire face au martyre ou, du moins, à des combats qui ne sont ni continuels ni obligatoires. C’est un armement en vue d’affrontements héroïques volontaires. Si l’on ne mange pas la chair du Christ, on n’a pas la vie de Dieu, comme l’explique Saint Jean. Mais on peut être un bon chrétien sans jamais avoir reçu la confirmation, car pour être un bon soldat du Christ il n’est pas indispensable d’être en première ligne.

    La raison pour laquelle le sacrement de la confirmation n’est pas très prisé, c’est peut-être qu’on ne voit pas très bien ou pas du tout à quoi il peut servir. On dit que par lui on reçoit l’Esprit Saint ; mais qu’est-ce que cet Esprit Saint que l’on n’aurait pas reçu en devenant enfant de Dieu par le baptême ? Que n’aurait toujours pas un chrétien uni à Dieu par l’Eucharistie, quand il a reçu sa première communion et n’a pas encore été confirmé ? Quoi ? On pourrait faire un avec la Sainte Trinité (= communion) et n’avoir pas en soi la Troisième Personne de la Trinité ?…

    Mais, d’autre part, comment parler d’une force supplémentaire pour affronter une plus violente hostilité du monde dans une éducation “chrétienne” obsédée par la peur des pensées “traumatisantes” ? S’il n’y a pas à craindre de succomber, il n’y a pas non plus à s’armer. Le christianisme bisounours à l’usage des enfants promis à un avenir confortable et brillant sur la terre n’a pas vraiment de bases théoriques dans la Bible ni dans l’enseignement spirituel traditionnel de l’Eglise catholique. Voilà, comme on dirait aujourd’hui, une possible “piste de réflexion” pour mettre à jour la pastorale de la Confirmation.

  2. mangouste20 dit :

    Bravo ! Mille fois bravo !

  3. zézé dit :

    Je ne comprends rien à ces revirements … j’ai 63 ans et lorsque j’ai eu 12 ans j’ai fait ma Confirmation, l’année suivante j’ai fait ma Communion Solennelle – quant à ma Communion privée je devais avoir entre 7 et 9 ans… que de changements dans ces cheminements spirituels… Ma Mère à son époque faisait sa Communion Solennelle à 11 12 ans et la Confirmation le lendemain si ma mémoire est bonne c’était en 1929/1930. On revient aux “fondamentaux”.. donc.

  4. réhabiliter la confirmation avant ou au plus tard le jour de la profession de Foi (anciennement communion solennelle) permet à l’enfant d’augmenter considérablement les dons du Saint Esprit reçus par lui le jour de son baptême, le catholiques peu pratiquants ne savent plus que la confirmation est vraiment nécessaire pour acquérir un discernement des Esprit beaucoup plus pointu et devenir adulte plus facilement; c’est tellement vrai que il n’y a pas si longtemps, l’Eglise refusait de marier de futurs conjoints si ceux-ci n’avaient pas été confirmés.
    peut-être doit t’on réfléchir actuellement au fait que si nous avons une terrifiante proportion de catholiques qui sont encore des ados retardés à l’âge de 30 ans et plus, c’est justement par carence de ce sacrement qui n’est plus administré à un grand nombre.
    De plus la confirmation est vraiment le sacrement qui permet de garder aux tréfonds de l’intelligence, les dons qui permettront à ceux qui sont tombés dans le(s) péchés mortels, à retrouver plus facilement les chemins vertueux le jour où ils ne restent plus sourds aux multiples avertissements que leur envoie toujours le Seigneur par leur ange gardien et leur(s) saint(s) patrons.

  5. Père Christian dit :

    Le point central est la capacité d’agir propre des sacrements, dans la question plus vaste du rapport entre la grâce et le libre arbitre en régime chrétien. Justement, les sacrements agissent tous par leur propre vertu, ce qui n’abolit pas notre réceptivité dans la foi et la charité, mais au contraire, la met en mouvement. Autrement dit, les sacrements n’attendent pas notre compréhension et notre bon vouloir pour agir, mais ils agissent sur notre bon vouloir dans sa direction vers le bien spirituel de notre transformation à laquelle nous sommes conviés et capables, de l’intérieur de nos facultés spirituelles, à coopérer. Il faut relire Ph 2, 13 que je traduis ici : “Dieu est en effet celui qui met en œuvre (ho énergôn) en nous le vouloir et la mise en œuvre pour le (=son) bon plaisir.” Selon Saint Thomas d’Aquin (Somme de Théologie 1a-2ae, Prologue) l’homme créé à l’image de Dieu est lui aussi (et pas lui tout seul) principe de ses opérations. Cela veut dire que son autonomie est pleinement donnée avec son être, mais qu’elle ne fonctionne correctement qu’en conformité avec la nature de la personne dans laquelle elle se trouve, et par la grâce qui la préside, l’accompagne et l’achève dans une opération à la fois propre et ouverte sur la plénitude à laquelle elle aspire. Nous opérons par nous-mêmes, nous qui sommes créés par Dieu, mais par sa grâce, avec sa grâce et pour la grâce qu’il nous fera et qui dépasse toute imagination et toute coopération, et par laquelle nous serons cependant pleinement et humainement capables de Dieu lui-même.
    Le régime sacramentel de la grâce ne fait pas exception à ce régime général de la grâce. Un cas intéressant est la contrition parfaite liée à l’intention non révoquée de se confesser dès que possible par une personne qui aurait commis un péché mortel. Eh bien, c’est bien cette personne qui fait elle-même la démarche de se confesser, mais par la force (initiative) et déjà avec la force (coopération) du sacrement qui est à recevoir. Il en est de même du catéchumène qui persiste sérieusement dans l’intention de recevoir le baptême et coopère loyalement. Eh bien cette personne encore non baptisée se dirige vers son baptême par la force même de son baptême, et c’est ce qu’on appelle le baptême de désir (je ne parle pas ici du caractère baptismal qui n’est conféré que par le rite du sacrement). Nous sommes donc précédés par Dieu, nous agissons accompagnés par Dieu, et Dieu achèvera en nous ce qu’il a commencé (rituel de l’ordination d’un prêtre) et à quoi nous avons coopéré.
    C’est pour ce motif que l’Eglise chrétienne (d’avant les divisions) a admis le baptême des enfants de convertis adultes, jusqu’à la généralisation du pédobaptisme au 4ème siècle. Elle n’a pas cru devoir refuser que les sacrements agissent par eux-mêmes dans ceux qui ne les refusaient pas. Or le baptême a toujours été accompagné de l’onction sainte (confirmation) dans l’Eglise chrétienne antique. On retrouve cela de nos jours chez les orientaux catholiques. Sont-ils dans l’erreur ? On peut même confirmer (et on doit le faire) un petit enfant en danger de mort. Je l’ai déjà fait, y compris dans l’impossibilité de recourir à l’Ordinaire (CIC 1983 c.883 3°et c.891).
    Il faut savoir que la pratique “retardée” de la Confirmation pose un problème théologique triple :
    – la 1ère réception de la Sainte Communion par des gens non confirmés met à mal l’égalité et la communion des fidèles (en état de communier), lesquels sont devenus pleinement des fidèles par la réception des 2 premiers sacrements de l’initiation, en commençant par le baptême, en vue de recevoir le 3ème et d’en vivre pleinement. Il faudrait réfléchir à la plénitude qu’apporte la Confirmation dans la participation à la grâce propre de la Communion eucharistique. La Communion des confirmés, c’est la communion entre ceux qui sont équipés pour le courage de défendre la foi. Et les enfants ont besoin de ce courage, d’en être équipés.
    – l’autre problème est le lien de communion avec les Eglises orientales qui ont toujours confirmé immédiatement leurs baptisés pour qu’ils vivent pleinement de la grâce propre de la Saint Communion.
    – le dernier problème est le plus grave : c’est celui d’un retour feutré au “pélagianisme” et à une certaine forme de protestantisme en milieu catholique pour ce qui concerne la discipline des sacrements.
    Il faut le dire, la confirmation est devenue trop souvent le sacrement de “l’engagement” et même une sorte de récompense pour bons et loyaux services prolongés en aumônerie après la classe de 3ème, avec tout un dégradé de considérations psycho-affectives sur les adolescents qui grandissent. On sort d’en prendre.
    On a même eu parfois le sentiment fondé que la valeur des sacrements dépendait d’abord de la compréhension et de l’adhésion de ceux qui les recevaient. En bout de route, on n’est plus très loin du protestantisme.
    Mgr de Dijon a bien du courage aussi parce que les mesures qu’il a prises ont une forte incidence en catéchèse. Ce sera sûrement l’occasion de réaliser une catéchèse plus structurée et fondée en doctrine, et très pédagogique puisque ces enfants seront jeunes. Il fait au moins d’une pierre trois coups, et j’apprécie en connaisseur.

    1. Cassianus dit :

      De votre ingénieuse explication, je retiens surtout une chose : c’est que l’intention de recevoir un sacrement procède du sacrement que l’on va recevoir. S’il en était ainsi, qu’en serait-il des intentions de recevoir un sacrement qui sont abandonnées en cours de route ?

      De toute manière, il me paraît très difficile de faire comprendre à des fidèles ordinaires, qui ne savent pas la théologie mais sont dotés, généralement, de sens commun, qu’une chose puisse être possédée par le seul fait de la vouloir. Idem, que nos bonnes intentions nous soient données par Dieu et que cependant nous soyons jugés comme si nous avions été libres de nos actes. Et enfin, plus banalement, que l’Eglise soit si hésitante et divisée sur ce qui est convenable aux âmes.

      Ce dernier point surtout mériterait d’occuper les savantes méditations des spécialistes. Revenir à la tradition, c’est ce prétendent faire tous les réformateurs. Du dehors, un changement reste ce qu’il est : une innovation. De même que l’on innové en repoussant l’âge de la confirmation, on innoverait maintenant en la donnant à un plus jeune âge. Et cette nouvelle innovation, ajoutée à tant d’autres, ne manquera pas de causer dans l’opinion du peuple chrétien la mauvaise impression que l’Eglise voudrait faire croire qu’elle sait où elle va, alors qu’elle est toujours en train d’improviser.

      La pratique religieuse moderne se soutient encore, dans le plus grand nombre des cas, par des habitudes familiales. Mais la force d’une habitude, c’est de n’être pas mise en question. On fera ce que l’on a toujours fait aussi longtemps qu’on ne sera pas forcé de faire autre chose. Les changements qui sont des continuités et non pas des ruptures, ce sont, parlant brutalement, des salmigondis d’intellectuels. Quand les pasteurs se mettent à changer de route et à revenir sur leurs pas tout en prétendant qu’il faut leur faire confiance, les simples petits fidèles commencent, eux, à se demander s’ils ne feraient pas mieux de se débrouiller tout seuls.

  6. Pellabeuf dit :

    Je ne peux qu’approuver l’idée de donner la confirmation avant l’adolescence et l’entrée au collège.
    Mais pourquoi donc reporter à dix ou onze ans la première communion, qui peut être reçue dés l’âge de raison, c’est à dire à sept ans ?
    On me répondra peut-être que la catéchèse en vue de la première communion nécessite du temps. C’est vrai pour les familles où il n’y a pas d’éducation proprement chrétienne, notamment les familles où l’on ne prie pas ensemble.
    Du coup, sous prétexte d’uniformité, on prive les enfants des familles vraiment chrétiennes d’une grâce qu’ils sont parfaitement capables de recevoir plus tôt que les autres.
    L’idéal à mon avis est de faire savoir aux familles pratiquantes que les parents peuvent proposer leurs enfants pour la première communion quand ils les pensent prêts, à charge au curé de procéder ou de faire procéder à une vérification de cette aptitude.
    Abbé Bernard Pellabeuf