Camille Eid est professeur à l’Université de Milan et spécialistes des Églises du Moyen-Orient. Il a accordé à Catholic Radio & Television Network un entretien sur la situation des chrétiens en Arabie saoudite pour le programme « Where God Weeps » (là où Dieu pleure). Voici la traduction de quelques extraits de cet entretien qui a été publié intégralement sur le site de la filiale en Grande-Bretagne d’Eternal Word Television Network (EWTN).
Comment les chrétiens vivent-ils leur foi en Arabie saoudite?
En secret. Il est interdit de posséder une Bible, des images pieuses ou des chapelets. Si on en trouve sur vous à l’aéroport, ils sont immédiatement confisqués. [… ] Ils disent que les chrétiens peuvent prier en privé, mais qu’est-ce que “privé” veut dire ? Est-ce que cela veut dire tout seul ou en famille ? Quand plus de deux personnes, ou plusieurs familles prient ensemble en privé dans leurs maisons, la police religieuse peut faire une descente et arrêter tout le monde.
Que se passe-t-il si un chrétien est pris avec un chapelet dans sa poche ou portant une croix ?
Si c’est dans une poche, personne ne peut le voir. Cependant si on vous trouve portant une croix, tout musulman – et pas seulement la police – peut vous l’arracher. Vous serez ensuite arrêté et vous risquez d’être expulsé du royaume. Ils vous traîneront en prison et, après quelques jours, on vous remettra un visa de sortie. Et terminé.
Quelles sont les autres activités chrétiennes tombant sous le coup de la loi?
Toute manifestation publique d’une autre foi que la musulmane tombe sous le coup de la loi. Ils savent bien que des Américains, des Français et des Italiens célèbrent les messes de Noël et de Pâques dans leurs ambassades: puisque celles-ci ont un statut d’extra-territorialité, la loi ne peut leur être appliquée. La police, toutefois, rôde autour des ambassades pour les surveiller. Il n’existe aucune église, aucun temple, aucune synagogue dans le royaume. […]
Nous avons évoqué la discrimination. Nous avons évoqué la persécution. Jusqu’où cette dernière peut-elle aller?
Jusqu’à la mort. Nous avons eu le cas du martyre d’une jeune fille saoudienne qui s’était convertie au christianisme. Son frère l’a découvert. Elle avait écrit un poème au Christ. On lui a coupé la langue. Elle disparut et on la retrouva morte. Son nom était Fatima Al-Mutairi, et cela s’est passé en août 2008. Cette même année, nous avons eu deux descentes de la police religieuse : des hommes, des femmes et des enfants – certains de moins de 3 ans – ont été arrêtés. Nous avons eu beaucoup d’informations de cas de torture. Avant d’être expulsés vers leurs pays, ces Philippins, ces Indiens, ces Érythréens sont torturés en prison par la police.
Source Christianophobie Hebdo
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Sur la question de la liberté religieuse et de sa non réciprocité on pourra lire la conférence du RP Basile, osb