C’est ce qu’on appelle avoir le sens du commerce – ou, dans l’autre sens, ne pas savoir valoriser son patrimoine. La dépêche du Midi consacrait en novembre 2021 un article sur les sommes que le diocèse de Rodez devait allouer au fonds SELAM chargé, suite au rapport Sauvé, d’indemniser les victimes des affaires d’abus judiciairement prescrites.
“La chapelle de Fontvernhes, faubourg de Decazeville, désacralisée et menaçant ruine, et vendue 1 € à un facteur d’orgues qui l’a mise à prix finalement sur le site “Le Bon coin” à 50 000 €. Le cinéma d’Entraygues a, quant à lui, été vendu “pour permettre aux acquéreurs de poursuivre leur projet“, explique l’économe Thierry Ducret qui détaille les quelques ventes récentes du diocèse.
La Dépêche expliquait qu’en 2016, l’association diocésaine avait vendu à l’euro symbolique ladite chapelle, désacralisée, à un facteur d’orgues qui entendait en faire son atelier, et à condition qu’elle n’ait plus d’affectation cultuelle pendant trente ans. La chapelle était propriété du diocèse depuis 1927.
A l’époque, le facteur d’orgues avait justifié sa revente par des difficultés économiques qui l’ont contraint à cesser son activité et à ne pas investir les 200.000 euros nécessaires selon lui à la réfection du bâtiment; il affirmait aussi avoir acheté un terrain près de l’église et ne pas faire de plus-value.
Il a fini depuis par reprendre l’atelier du facteur d’orgues Cattiaux à Liourdres en Corrèze – celui qui détenait le contrat d’entretien de l’orgue de Notre Dame de Paris au moment de l’incendie. L’entreprise s’occupe avec deux autres de la réfection d’une partie de l’orgue, épargné par l’incendie.
Par ailleurs, l’on apprend de l’article que le diocèse est (très) déficitaire : “en Aveyron, comme dans bien d’autres diocèses, c’est un casse-tête. D’autant que les finances sont fragiles : 500 000 € de déficit de fonctionnement en 2020, un chiffre qui ne cesse de croître chaque année “en lien direct avec la baisse d’activité et une relative déchristianisation du territoire”, explique Thierry Ducret, économe et directeur des services du diocèse“.
Le diocèse, qui a perdu “de l’ordre de 10 à 12% du denier suite au Covid“, selon son chargé de communication, a finalement versé 200.000 euros au fonds SELAM.
Il n’y a, depuis le départ de Mgr Fonlupt pour Avignon il y a près d’un an, plus d’évêque titulaire, c’est Daniel Boby, ex-vicaire général, qui en est l’administrateur provisoire.
Un diocèse qui ne publie pas ses comptes ?
Par ailleurs Rodez est une des très rares associations diocésaines dont les comptes ne sont pas accessibles en ligne sur le site du journal officiel – la publication des comptes est obligatoire pour une association ou un fonds qui reçoit plus de 153.000 euros de dons par an.
Tout part en vrille, mais avec le synode sur la synodalité, vous allez voir ce que vous allez voir !